Peintre-Auteur
Peintre-Auteur
Poésies
1976/1977 … J’écris depuis ce soir-là … Dedans ma chambre, assis à mon bureau, soudain à l’écoute de ce qui me passait par la tête comme on écoute la radio, j’ai noté quelques phrases. Elles n’étaient pas mot à mot, ce que j’entendais, mais c’était un début et une première fois d’écrire dialoguant avec moi-même sans raison scolaire ou familiale… ou je ne sais quoi d’autre encore. Mon 1er texte rebaptisé « poème » commençait ainsi :
Mes mots posent nus
Comme un enfant et son dessin
Ses lèvres tremblent pour chanter
Je suis crayons
Vous avez vu mon dessin
Il est beau, n’est-ce pas,
Regardez-le encore
Il est bien ?
Un homme, une femme lui répondent,
Oui, il est beau
Tu en fais un autre ?
Non !
Pourquoi ?
Vous avez mal regardé le premier
Ne mentez-pas, je vous ai vu
Tu sais, quand tu seras grand
Tu ne verras plus, toi aussi
Oui, peut-être, mais je continuerai le dessin
Les jours suivants, cette bizarrerie est devenue la mienne d’écouter ce qui me passait par la tête comme on écoute la radio. C’était très physique, il semblait vivant ce silence dont je ne savais rien, je le ressentais comme une présence dedans la poitrine … les mots, âme, esprit, cœur, corps semblaient faire sens. Ce n’était pas une absence de bruits ; des résonnances pouvaient être traduites en mots, oui comme des échos …
Etait-ce cela écrire de la poésie, être habité par je ne sais quelle inspiration, être poète ?
Hormis 2 ou 3 poèmes de Prévert, je ne savais rien de ces mots libres des versifications dont j’ignorais tout ou presque, je ne connaissais même pas le mot Poétique. Bref, j’étais un ado de 16 ans qui savait médiocrement, lire, écrire, compter … Mais c’était ‘ma liberté’ de ressentir cet étrange silence, et même de parfois le traduire. Oui, parfois, car il ne suffisait pas d’ouvrir la radio pour entendre et sentir sa présence, encore fallait-il trouver la bonne fréquence, s’accorder avec … puis oser écrire des mots, faire échos … alors que certains s’imposaient à contrario de je ne sais quel bon sens …
Quelques-uns de mes poèmes ont été publiés par la revue ‘La nouvelle tour de Feu’ dans les années 1980 et sous un pseudonyme que j’ai oublié. Je les ai parfois déclamé dans les rues ou dans la cave du ‘Comptoir des Cannetes’ surnommé ‘Chez Georges’. Dans mes cartons à déballer, j’ai un recueil intitulé : D’un instant à l’autre …
Tu vas me dire, je le sais bien
Tu veux partir, aller plus loin
Nous deux, c’était, c’était, c’était
Nous deux, salut, c’est du passé
L’été m’a dit : c’est trois fois rien
L’automne a ri, c’est pour ton bien
L’hivers m’a pris entre ses mains
Tell’ment le froid c’est mieux que rien
J’reviens tu sais, j’reviens de loin
C’est nulle part de n’pas te trouver
J’reviens tu sais, de même si loin
Qu’la folie m’a même viré
Et tu vas me dire peut-être, bien !
L’important c’est d’aimer …
On m’l’a dit, y a des années
Autant sourire : tout a une fin
Tout a une fin qu’j’ai pas trouvé
Tout au bout de te chercher
J’reviens tu sais, de même si loin
Que tout au bout, c’est loin d’aimer
Comme s’il pleuvait partout des gens comme moi
Hier, je suis tombé des nues
Je ne sais plus qui m’a montré des avenues
De femmes, d’enfants, d’hommes, tous dehors, sans toit …
Non, je ne vole pas mes journées au temps qui passe
Ni mes quatre-heure aux boutiques des quartiers
Mais, je vagabonde les rues, les impasses
Les jardins, l’instant ensoleillé
Chaque jour revient, m’aurore de questions
Et la nuit lui rétorque mes décisions
Quand la faim dramatise mes réponses
Le froid murmure : renonce !
J’aimerai outre-passer mes révoltes
Vivre d’autres voies, d’autres existences
A me sentir vraiment trop désinvolte
Même vagabonder fait sens, contre, sens
Oui, c’est effrayant, quoi que je dise ou fasse
Je vais, tremblant, de la tête aux pieds,
Inexorablement, et toujours plus inquiet
Oui, mes sourires fleurissent des grimaces
A parcourir les avenues du matin au soir
Je gagne ou perd le temps d’exister,
Je déambule flamboyant d’aucun savoir,
Toujours plus harcelé, toujours plus révolté
Et sans cesse, les souvenirs s’entassent
Un à un, mes ‘s’il te plait’ se sont inversés
Et même si, simplement, je réponds hélas
C’est dire, la joie de vivre peut s’envoler
Il y a d’escargot, d’un trottoir à l’autre,
Qu’hélas, non, traverser la rue ne suffit pas
Et même sans cesse à réfléchir, pas à pas,
Je ne deviens pas quelqu’un d’autre …